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La Vie Divine de la Très-Sainte Vierge Marie par Maria d’Agréda

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La Vie Divine de la Très-Sainte Vierge est un ouvrage composé à partir de La cité mystique de Dieu, lui-même rédigé par Marie de Jésus d’Agréda (1602-1665).
Cette religieuse franciscaine conceptionniste déchaussée était l’aînée d’une famille de quatre enfants, qui entrèrent tous dans les ordres, y compris les parents ! Elle fut favorisée de visions et le Ciel a voulu que ces révélations privées soient publiées.

Aujourd’hui, la lecture de la Vie Divine de la Très-Sainte Vierge peut susciter un sentiment équivoque :

– D’un côté on est littéralement porté par l’extraordinaire dévotion de l’auteur ; et la Vierge Marie nous apparaît dans toutes ses vertus, sa majesté et sa gloire. Car c’est avant tout la dimension mystique de la mère de Notre-Seigneur qui est ici mise en avant. Bien qu’étant une créature de Dieu, la perfection de sa nature est soulignée à chaque étape de son existence terrestre. Si le corps de Marie appartient à la terre, son âme quant à elle est déjà, depuis sa conception, toute tournée vers le Ciel.
Cet aspect de l’ouvrage invite à l’oraison et on retire une infinité de bienfaits de cette contemplation des mérites de notre mère de miséricorde. C’est un formidable antidote au rationalisme qui voudrait faire apparaître Marie comme une femme ordinaire !

D’un autre côté, on est perplexe devant le style littéraire parfois mièvre, tandis que les dialogues et de nombreux détails apparaissent manifestement comme le fruit de l’imagination de la religieuse et non comme la contemplation d’authentiques visions de faits historiques.
On relève ainsi au fil des pages de nombreuses incohérences. Lors de la description de la Passion par exemple, Marie d’Agreda écrit que Jésus portait une croix entière, de 15 pieds de long, c’est-à-dire 4,50 mètres. Or, nous savons que les condamnés à la crucifixion n’étaient chargés sur leurs épaules que du patibulum, la partie horizontale de la croix — qui pouvait tout de même peser de 30 à 50 kg — tandis que le stipes, la partie verticale, restait en permanence fichée en terre à l’endroit du supplice. Ici, Marie d’Agreda ne décrit pas la Passion telle qu’elle s’est réellement déroulée, mais en s’inspirant des représentations de son époque, où le Seigneur était peint chargé symboliquement de la croix toute entière.

Dès lors, le lecteur épris de vérité et en quête d’informations sur la vie de la Sainte Vierge pourra se sentir abusé et on comprend les réserves de l’église et les polémiques suscitées par l’œuvre.
Pour comprendre ces contradictions, nous devons considérer que l’essentiel de l’ouvrage porte sur la dimension mystique de la Vierge Marie. Les faits et gestes de la reine du Ciel, les dialogues avec les apôtres, les situations, sont présentés à la manière d’un roman sans aucune prétention historique. Le récit n’est au fond que le fil narratif qui permet à Marie d’Agreda d’exprimer tout le rôle de Marie dans l’œuvre de la Rédemption, tel qu’elle l’a perçu dans ses propres oraisons.

Cette ambiguïté ne devrait pas nous étonner. Il faut se figurer que l’exercice d’écriture, lorsque l’auteur est la mystique elle-même, relève de l’exploit de devoir raconter un rêve : il y a les bribes dont on se souvient, celles qui forment l’essentiel de la révélation et qui sont riches de sens, et il y a les informations produites par l’imagination, que l’esprit formule par nécessité afin d’articuler au sein d’un récit relativement cohérent les informations et les sentiments qui ont été révélés en songe.

L’e-book de la Vie Divine de la Très-Sainte Vierge Marie de Marie d’Agréda est accessible en cliquant sur le lien ci-dessous :

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Dans un sens, la Vie de la Sainte-Vierge d’Anne-Catherine Emmerich est une œuvre plus aboutie. En effet, non seulement Anne-Catherine Emmerich était gratifiée de visions riches en détails qui ont toutes les caractéristiques d’authentiques projections de scènes du passé, mais elle bénéficiait en plus de l’assistance du poète Brentano qui, prenant note des visions rapportées immédiatement après les extases que vivait la mystique, consignait les précieuses informations en s’efforçant de ne pas les interpréter lui-même.
On peut être tenté d’opposer Anne-Catherine Emmerich et Marie d’Agreda, de rechercher qui a raison ou qui donne la description la plus fidèle… Mais au-delà de ce débat, il faut aussi savoir se laisser toucher par le récit, et retenir ce qui est bon.
Les approximations et inexactitudes qu’on relève ici et là nous rappellent que la partie intellectuelle de la Foi se nourrit avant tout des Évangiles, dont l’Eglise nous enseigne qu’ils ont, eux, assurément bénéficié de l’inspiration du Saint-Esprit. Il faut songer que la Providence suscite des mystiques pour répondre aux besoins de chaque époque. Au 16e siècle, alors que les idées protestantes se répandaient en Europe, Marie d’Agréda a pu constituer la réponse du Ciel qui se devait de défendre la Sainte-Vierge contre les attaques dont elle faisait l’objet. Au 18e siècle, où vécut Anne-Catherine Emmerich, c’était la pensée révolutionnaire, l’évolutionnisme et la fausse science qu’il fallait combattre ; et la Providence a alors suscité des visions adaptées à un temps plus attaché à l’historicité des écritures qu’au sens mystique.