Eusèbe, évêque de Césarée en Palestine, a vécu de 270 à 338.
Il rapporte dans son Histoire Ecclésiastique toute l’histoire connue de l’Église, de Jésus-Christ jusqu’à son époque, où régnait l’empereur Constantin.
C’est un ouvrage richement documenté qui sert souvent de référence aux historiens parce qu’Eusèbe ne cite pas que des sources chrétiennes.
La première partie complète d’une certaine façon la lecture des Actes des Apôtres car on y rapporte les écrits et déplacements des Apôtres et de leurs disciples selon d’autres sources.
Eusèbe cite longuement Flavius Josephe et décrit le siège de Jérusalem : les miracles et signes qui annoncèrent sa destruction imminente et le destin de ses habitants.
Contemporain d’épisodes de persécution au Proche-Orient, il livre de nombreux témoignages de première main qui ne dissimulent rien de toute l’horreur des supplices auxquels étaient soumis les chrétiens qui refusaient de sacrifier aux idoles. Il raconte ainsi tout l’héroïsme des martyrs qui ont cimenté de leur sang les fondations de la chrétienté. Lorsqu’on rapproche ces récits épiques de nos accommodements actuels, consentis au nom de la “paix”, on prend la mesure du bien peu de Foi de nos contemporains.
Eusèbe présente aussi les défis qu’affrontait l’Église à son époque : la multiplication des hérésies et les théories qui tentaient de corrompre la précieuse Doctrine léguée par les Apôtres.
Il évoque longuement les débats qui ont agité les intellectuels des premiers siècles. En effet, l’annonce de l’Évangile a suscité dans les écoles théologiques une profusion de textes, dont il fallait démêler le vrai du faux. Ce sera toute la tâche des Pères de l’Église… mais dont Eusèbe ne fera pas partie. En effet, Eusèbe, malgré sa notoriété, n’est pas reconnu comme un Père de l’Église et, contrairement aux nombreux évêques de son temps, il ne sera même jamais canonisé.
A la lecture de l’Histoire Ecclésiastique, on comprend mieux les réserves de l’Église à son sujet : Eusèbe est un intellectuel insatiable et son travail de compilation d’écrits et de faits historiques est une précieuse source d’informations et de témoignages de Foi. Mais à cause du volume de connaissances et de lectures qu’il accumule, y compris d’auteurs hérétiques, et aussi du milieu élitiste dans lequel il évolue, on devine qu’il se trouve influencé par tous les courants de pensée dominants.
Ainsi, lorsqu’il évoque Panthène le philosophe, Eusèbe témoigne de son admiration pour la Didascalée, l’école théologique d’Alexandrie. Or cette école était fortement influencée par la philosophie grecque : on retrouve chez ses philosophes l’influence de Platon et du néoplatonisme. La méthode théologique symbolico-allégorique qui y était appliquée avait les faveurs des intellectuels de l’époque, dont faisait partie Eusèbe. Le problème de cette approche — qui s’opposait à la lecture historico-littérale de l’école théologique d’Antioche — est qu’elle constitue potentiellement une porte ouverte à la Gnose. En effet, Saint Thomas d’Aquin a démontré que lorsque la lecture allégorique prime sur le sens littéral, alors toutes les interprétations deviennent possibles, et c’est ainsi que s’introduisent toutes les hérésies. Eusèbe sera paradoxalement lui-même victime de ce ce qu’il dénonce par ailleurs, en prenant le parti d’Arius contre Saint Athanase d’Alexandrie.
Lorsqu’on lit Eusèbe avec intelligence et discernement on s’instruit sur l’histoire de l’Église, certes, mais on découvre aussi que les hérésies se suivent et se ressemblent. Ceci constitue un bon antidote à certains courants contemporains qui réinterprètent subtilement les Écritures.
Enfin, lire l’Histoire Ecclésiastique revient aussi à lire le meilleur de Flavius Josephe, de Saint Irénée de Lyon ou d’Origène, tant leurs citations sont nombreuses et pertinentes.
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