Certains disent qu’il n’y aurait pas eu de France chrétienne sans Clovis. Or il n’y aurait pas eu de Clovis sans le saint évêque Remi, qui a catéchisé et baptisé le roi des Francs. Mais peu de gens savent qu’il n’y aurait peut-être jamais eu de saint Remi sans les prières et la pieuse existence de saint Montan.

Alors qu’il était aveugle, cet humble ermite alla trouver Célinie, comtesse dans le Laonnais et future mère de saint Remi, pour lui annoncer qu’elle enfanterait un homme qui ferait de grandes choses chez les francs. Son destin exceptionnel sera annoncé par un signe : à la naissance de l’enfant, le lait de l’heureuse maman rendrait la vue à l’ermite aveugle.

L’histoire de ce saint méconnu fut racontée dans un petit ouvrage publié en 1904 par l’humble curé d’un village où a vécu saint Montan, et qui porte depuis son nom, et que nous faisons rééditer aujourd’hui.

En effet, il n’est pas possible de comprendre les événements que nous réserve la Providence pour restaurer l’éclat de la Foi et célébrer la gloire du Sacré-Coeur, sans prendre la mesure de la force de la prière. Si un seul ermite peut susciter un saint Remi, qui lui-même produira un Clovis et une nouvelle élite soucieuse de l’évangélisation du peuple et le salut des âmes, qu’en serait-t-il si quelques dizaines d’âmes, priantes et en état de grâce, faisaient pénitence tout en demandant à Dieu du fond de leur cœur qu’enfin Son règne arrive et que Sa volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ?

Cette réédition est complétée de plusieurs notes :

  • D’une part à propos de l’auteur, l’abbé Marqueyrol, qui s’est efforcé toute sa vie à suivre l’exemple de saint Montan. Nous publions le texte d’hommage écrit par le diocèse à sa mort, qui témoigne de ses qualités et de sa piété.
  • D’autre part à propos du contexte de la naissance de saint Remi, afin de complèter les recherches de l’abbé Marqueyrol.

Enfin, nous profitons de cette publication papier pour rééditer la notice historique de 1919 sur Notre-Dame de Cousignac, un sanctuaire méconnu, à la limite des communes de Saint-Montan et de Bourg-Saint-Andéol.


Tableau de 1905 (aujourd’hui disparu) montrant saint Montan en prière dans sa grotte du Val Chaud, lorsqu’il est découvert par deux chasseurs du pays.


Extrait du livre, page 38

Saint Montan à la Sainte Baume.

Entre Viviers et Bourg-Saint-Andéol, non loin de la rive droite du Rhône, s’ouvre vers le Nord-Ouest une petite vallée étroite et profonde, à l’aspect particulièrement sauvage et solitaire, vallée appelée autrefois ardente ou bridée et qu’on nomme encore aujourd’hui le Val-Chaud. C’est là dans une grotte au milieu des rochers que notre saint vint continuer sa vie érémitique. Il est bien probable que le village qui s’est formé depuis et qui porte son nom ne comptait encore aucune maison ; cependant il pouvait y en avoir sur les bords du Rhône, que sillonnait déjà une route romaine, ouverte par Auguste et reliant Lyon à Narbonne.

Comment saint Montan fut-il amené a se fixer dans le voisinage de Bourg-Saint-Andéol, alors Bergoïate ?

La grande dévotion dont jouissait déjà saint Andéol, martyrisé deux siècles auparavant en 208, ne dut pas y être étrangère1. Il est avéré que de tous les environs, on accourait nombreux au tombeau du glorieux martyr et nul doute que saint Montan ait tenu à vivre près de saint Andéol pour satisfaire sa piété envers ce généreux confesseur de la foi. A noter une particularité frappante de sa grotte, c’est qu’elle a une vue générale et parfaite sur la ville de Bourg-Saint-Andéol et le lieu du martyre de ce saint. Ainsi, bien que saint Montan eut sa solitude à huit kilomètres cette ville, cependant il avait la consolation de voir la tombe de saint Andéol.

Cette grotte que se choisit saint Montan dans le Val-Chaud est appelée dans le pays : la Sainte Baume.

Elle est peu profonde, c’est une vraie cellule de moine, avec une autre cellule superposée, à laquelle on monte par un escalier aux marches rudimentaires. A l’époque du saint ces deux cellules étaient ouvertes à tous les vents ; depuis, on a élevé un mur qui les ferme, de sorte que celle du rez-de-chaussée est éclairée par la porte, et celle de dessus par une petite fenêtre. Cette dernière renferme un autel avec un tableau du saint, qui représente la découverte de saint Montan par deux chasseurs.

La Sainte Baume, dont chaque compartiment peut renfermer une vingtaine de personnes, est située au Nord-Ouest du village, à un kilomètre environ ; elle est en grande vénération auprès des habitants, qui vont souvent la vénérer et y prier. Chaque année toute la population y monte une fois en procession ; cette cérémonie avait lieu primitivement à l’issue d’une messe qui se célébrait le lundi de Quasimodo ; maintenant c’est le dimanche même de Quasimodo, à l’heure des Vêpres qui se chantent en y allant ; au retour, la procession stationne dans la chapelle du saint, construite au bas de la montagne et dont nous parlerons plus loin. On y vénère les reliques du saint, apportées de la Fére, où il est mort.

130 pages
Format A5
Couverture souple, dos carré collé,
illustrations intérieures en noir & blanc.

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Extrait de l’hommage rendu à l’auteur au moment de sa mort:

«  C’était un fils de paysans : d’eux il eut santé robuste, vigueur physique, foi chrétienne, bon sens pratique. Et c’est dans le mas ancestral de Saint-Thomé, près de la grand’route d’Alba, où il était né le 28 Mai 1866, qu’il a terminé, le 21 août 1951, une longue carrière sacerdotale de 58 années. […] (La paroisse de Saint-Montan) comptait alors 1.200 âmes ; et elle est restée très attachante par sa situation pittoresque, isolée en son creux de vallée, que domine les ruines d’un imposant castel ; mais aussi par les qualités héréditaires d’une population sympathique et ouverte.
Mais ce n’est pas que M. l’Abbé Marqueyrol n’y goûtera que la douceur du miel de ses ruches. En 1909, il est obligé de sortir volontairement du presbytère, pour lequel on lui refuse un bail régulier depuis dix-huit mois, en même temps que d’urgentes réparations. Quinze jours après son départ, une partie des plafonds s’effondre. Fort à propos, l’Inspecteur primaire arrive pour faire affecter définitivement le presbytère en école publique de filles. Ainsi allaient les choses, dans la France d’après la séparation… M. Marqueyrol a le tempérament d’un moine : il reconstruit deux ou trois vieilles maisons abandonnées qu’il a achetées, près de l’église, et qu’il répare lui-même, maçon et menuisier de jour ou de nuit. Dans cet ermitage improvisé, il restera 17 ans, heureux d’être logé pauvrement, et de pouvoir prêcher plus éloquemment le détachement des biens matériels… Moine, il l’est encore par son lever matinal, vers trois heures, et se livre aussitôt, pour ne point être vu, aux travaux de défrichage ou d’entretien de divers lopins de terre, dont les légumes iront discrètement sur la table des malades, des infirmes, et des déshérités.
Lorsqu’il rentre au village, les vêtements propres, l’allure dégagée, le regard doux et bon, on dirait qu’il revient d’une promenade délassante : il est libre pour ses exercices de piété à l’église ; sa messe ; et le travail intellectuel. C’est dans sa stalle qu’il rédige ses instructions : « Il me semble, dit-il, que là, je suis mieux inspiré ».
Sa piété se traduit par des initiatives nombreuses. Il remplace l’ancienne Confrérie des Pénitents disparus par la Garde d’honneur du Très Saint Sacrement. Tertiaire fervent, il aura une Fraternité franciscaine qu’il anime et d’exemple et de parole. En 1905, de retour de Lourdes, il aménage une grotte à la Vierge Immaculée, réplique exacte de celle de Massabielle, même près d’un Gave…
M. le Curé n’a garde d’oublier l’Ermite saint Montan, patron de ces lieux ; il publie une brochure pour ranimer la dévotion ; exécute des travaux d’aménagement devant la Sainte-Beaume de l’Ermite, pour en faciliter l’accès.[…] Sa charité est telle qu’on ne saurait taire, parmi ses innombrables actes de bonté désintéressée et généreuse jusqu’à l’excès, ces deux traits : monsieur le Curé a… deux chèvres ! Il porte chaque jour, sous sa douillette, avec un air innocent, leur lait aux vieillards, aux malades, aux nécessiteux, sûr qu’il est, de leur discrétion. — En 1913, une terrible épidémie de vérole se déclare à Saint-Montan. De crainte de contracter le mal, c’est un affolement auprès des vivants et des morts. M. le Curé ne délaisse ni les uns ni les autres ; il va jusqu’à faire la toilette de ces derniers et les veiller… Il gardera même chez lui deux jeunes garçons, pendant 40 jours, sans accepter de rétribution, jusqu’à ce que l’épidémie ait disparu de leur demeure et du pays.

Aussi, quelle sera la désolation des ouailles, quand elles apprendront en 1926 que leur bon Pasteur ne viendra plus fréquemment les visiter, les encourager, les aider… Mgr Hurault a pensé qu’à la charité splendide de ce prêtre, il pouvait confier la plus pitoyable des détresses : celle des aliénés. L’asile psychiatrique Sainte-Marie de l’Assomption de Privas aura désormais à bénéficier du tact, du cœur compatissant, du jugement compréhensif, mais surtout de l’esprit surnaturel du nouvel Aumônier. Pendant vingt ans ou à peu près, il s’efforcera plus que jamais d’être un lion Samaritain, au milieu de ses quinze cents malades, déshérités de la nature et de la vie, vivant presque de leur vie de reclus, s’efforçant de les réconforter et de les aider, autant que faire se peut, avec le beaume de sa piété et de sa bonté.

[…]

Bien consolantes pour sa famille et ses amis ont été les paroles de M. l’Archiprêtre de Viviers, lors des obsèques, le 23 avril, laissant espérer que l’épreuve qui faisait vivre M. le Chanoine Marqueyrol en étranger au milieu de ses compatriotes et de sa parente, avait achevé la purification de sa belle âme dans une nuit, peut-être apparente, où pouvait subsister une lueur, lui permettant la prière intérieure… Sous les vieilles voûtes de l’église qu’il aima, perchée sur son nid d’aigle, M. le Chanoine Marqueyrol eut, pour entourer sa dépouille, tout le pays ; une belle délégation de Saint-Montan et de Sceautres avec ses successeurs ; sans oublier M. le Directeur de l’Asile Sainte-Marie, au deuil ; le Clergé de Privas, de Bourg-St-Andéol, de Rochemaure, de Viviers, et du Canton, avec MM. les Archiprêtres ; M. le Vice-Chancelier de l’Évêché, et d’autres confrères, priant sans doute pour cette âme sacerdotale, mais aussi demandant à Dieu que sa vocation soit, au pays natal, remplacée par d’autres ; ses enseignements suivis ; et ses exemples, retenus et imités. Sa mémoire ne laisse-t-elle pas un sillage de charité et de lumière… »