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Le 3 Mai 1868, la population de Bourg-Saint-Andéol célébrait en procession le retour des reliques de son Saint dans l’église du XIIe siècle, une nouvelle fois rénovée. Après les tourments de la Révolution, renaissait publiquement le culte du sous-diacre qui, dans la mémoire collective, évangélisa le Vivarais au IIe siècle.
Onésime Mirabel, jeune vicaire à Bourg-Saint-Andéol, publie alors le récit de l’histoire de l’héroïque martyr. Passionné par l’histoire de l’antique et si curieuse cité bourguésane ainsi que de ses anciens cultes, dont celui de Mithra, il explore les souvenirs d’un lieu empreint d’une profonde religiosité tout au long des âges. De la redécouverte du sarcophage au IXe siècle, aux pillages de 1568 par les troupes du baron des Adrets, en passant par l’administration par les chanoines de Saint-Ruf, nous découvrons la riche histoire des édifices du vieux Bourg et suivons le parcours mouvementé de reliques maintes fois cachées et retrouvées.

Saint Andéol fit partie, avec Bénigne, Andoche et Thyrse, des disciples de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean l’Evangéliste, qui furent envoyés de Smyrne pour évangéliser la Gaule. Il fut martyrisé par l’empereur Septime Sévère en 208 dans le bourg qui porte aujourd’hui le nom du saint.

Cette réédition du récit original de 1868 est enrichie du cahier liturgique de 1869 et de notes et d’illustrations actualisées.


Tableau du triomphe de saint Andéol après son martyr en 208.
Le maître-autel de 1860, incorporant le sarcophage en marbre qui a abrité les reliques du saint pendant des siècles.


CHAPITRE V.

SAINT ANDÉOL,
PREMIER APÔTRE DU VIVARAIS

L’Helvie, qu’on a appelée, plus tard, le Vivarais, occupait le territoire dont le département de l’Ardèche a été formé. Parmi les anciennes peuplades celtiques, celle des Helviens n’était ni la moins puissante, ni la moins renommée. Ils avaient pris part à l’expédition qui, sous la conduite de Brennus, porta la terreur jusque dans Rome et finit par s’en emparer.
Plus tard, ils s’associèrent aux luttes des Allobroges et des Arvernes contre les Romains. Vaincus, ils parvinrent à échapper au joug ; mais ils ne surent pas se préserver des pièges de cette politique habile et prévoyante, qui préludait à la conquête par les alliances.
Quand César parut dans les Gaules, il trouva dans les Helviens des auxiliaires dévoués. Ils s’unirent à lui et l’aidèrent à combattre Vercingetorix. Ce fut à travers leur pays que le célèbre général conduisit son armée jusqu’aux frontières des Arvernes. Rome, pour prix de leur fidélité, leur accorda les mêmes droits et les mêmes privilèges qu’aux habitants du Latium. Depuis Auguste, quoique compris dans la Province romaine, ils conservèrent leurs lois et se régirent eux-mêmes par des chefs de leur nation.
Ils avaient pour capitale Alba-Augusta, aujourd’hui Aps. Devenue colonie romaine, cette ville reçut les mêmes privilèges que Vienne, Avignon, Aix, Nîmes, et ne le céda à aucune de ces dernières par le nombre de ses habitants et par son importance politique. Ses ruines occupent une étendue de plusieurs kilomètres et témoignent encore du haut degré de prospérité et de développement auquel elle était parvenue.
On s’accorde à reconnaître que l’Helvie eut pour premier apôtre le glorieux saint Andéol. Si on excepte les chrétiens isolés que les légions pouvaient avoir laissés ça et là, ou les relations de commerce avoir amenés des autres parties de l’empire, et ceux que les missionnaires avaient initiés à la foi sur leur passage, toute cette région était, avant lui, livrée aux superstitions du druidisme et au culte des faux dieux.

C’était un champ immense ouvert au zèle infatigable de l’apôtre de Jésus-Christ. Aussi s’appliqua-t-il avec un soin particulier à cultiver cette terre jusque-là demeurée inculte. La tradition veut que ce soit dans le Vivarais qu’il ait accompli ses plus grands travaux. Les martyrologes, ces monuments historiques si sobres de détails, mais si sûrs dans leurs affirmations, ne parlent même que de ses prédications dans ce pays. Dans l’accomplissement de son oeuvre, rien ne put arrêter le zèle d’Andéol. Ni l’âpreté des montagnes qui entourent l’Helvie et qui, dans l’intérieur, dressent partout leurs flancs abruptes, ni la profondeur des vallées qui y rendent les voyages si pénibles, si difficiles, ne l’empêchèrent de porter la parole du salut dans ses cités et dans ses villages. « Pendant plusieurs années, » dit l’historien du Vivarais, « il parcourut nos contrées, annonçant Jésus-Christ, baptisant, catéchisant les peuples, au milieu de travaux, de fatigues, de périls et de privations incroyables. »

Ceux qui ont étudié les origines du christianisme savent que les premiers missionnaires de la foi avaient une prédilection bien connue pour les grands centres de population. Les apôtres donnèrent l’exemple en se jetant dans les plus importantes villes de l’empire. Le prince des apôtres, saint Pierre, entreprit la conquête des trois principales, qui étaient comme les reines des trois parties du monde, Rome, Antioche, Alexandrie. Saint Jean se rendit maître de ces sept illustres cités de l’Asie-Mineure, dont il parle dans son Apocalypse. Ces divins conquérants, en gagnant les principales villes à Jésus-Christ, prenaient le plus court et le plus assuré moyen de donner, en peu de temps, beaucoup d’étendue à son empire ; d’autant plus que ni eux, ni leurs premiers disciples n’eussent jamais pu suffire à la multitude innombrable des petites cités et des villages.

Il semblait naturel de voir saint Andéol rester fidèle à cette discipline, et venir, en entreprenant la conversion des Helviens, établir son séjour à Aps, leur cité principale. C’est dans cette ville que, peu après la mort de notre Saint, le premier évêque du Vivarais, saint Janvier, vint établir le siège de l’Église Helvienne.

(…)

160 pages
Format A5
Couverture souple, dos carré collé,
illustrations intérieures en noir & blanc.

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Extrait des premiers chapitres :

CHAPITRE I.

LES PREMIERS APÔTRES DES GAULES

 « Les origines chrétiennes de la France forment l’une des parties les plus intéressantes de notre histoire religieuse et nationale. S’il est vrai, en effet, que toute société s’attache à recueillir avec soin tout ce qui reste de la vie et des Suvres de ses fondateurs, nous ne saurions être indifférents à la mémoire de ceux qui ont porté l’Évangile dans notre patrie. »

Leur origine, leur arrivée, les difficultés et les succès de leur mission, leurs vertus et leurs miracles, en un mot, tout ce qui concerne leur personne et leurs travaux mérite, de notre part, une étude sérieuse, une filiale attention. Sans doute que la rareté des documents contemporains, le désaccord qui règne quelque fois entre les chroniques des âges postérieurs, répandent beaucoup d’obscurité sur cette époque primitive. Cependant il n’est pas impossible d’arriver à un ensemble de notions claires, précises, certaines, sur l’histoire de la prédication évangélique dans les Gaules. Nous allons donner, en peu de mots, les résultats de la science historique sur ce point. De plus amples développements n’entrent pas dans notre sujet.
Vers la quatorzième année après l’Ascension du Sauveur, un navire, parti de l’Orient, débarquait dans le port de Marseille une colonie juive. Ce n’étaient pas des marchands poussés par la soif des richesses, ni des aventuriers venant chercher fortune sous un autre climat. De plus nobles intérêts amenaient vers l’Occident ce groupe d’exilés. Témoins oculaires des grands événements qui venaient de s’accomplir, en Orient, pour le salut du monde, ils allaient annoncer la bonne nouvelle aux contrées vers lesquelles les dirigeait la Providence. A leur tête marchait Lazare, le ressuscité de Béthanie, auquel le plus éclatant des miracles avait valu la grâce d’une seconde vie. Poursuivi par la haine des juifs, il s’était vu forcé de prendre le chemin de l’Occident, en compagnie de Marthe, de Marie-Magdeleine, ses soeurs, de Maximin, l’un des soixante-douze disciples du Sauveur, et de quelques autres. Dieu voulait donner pour premier apôtre à la France l’ami de Jésus. La pieuse colonie étendit son activité sur les pays qui avoisinent Marseille. Saint Lazare fonda le siège de cette ville ; saint Maximin fut le premier évêque d’Aix, Aix, Tarascon, Arles, Avignon entendirent leur parole. Quant à sainte Marthe et à sainte Marie-Magdeleine, devenues le type, l’une, de l’activité chrétienne qui transforme en mérites les occupations multiples de la vie, l’autre, de la pénitence qui s’élève par le repentir jusqu’à la perfection de l’amour divin, ces deux femmes illustres contribuèrent au succès de la prédication, la première, par son zèle et par l’exemple de ses vertus, la seconde, par les mérites de sa vie contemplative.
A la même époque, l’apôtre saint Pierre, ayant transporté d’Antioche à Rome le siège de la capitale du christianisme, tourna ses regards vers cette nation célèbre, depuis longtemps, par son intelligence non moins que par sa valeur, et envoya sept évêques pour évangéliser les Gaules. Ces sept missionnaires s’arrêtèrent sur différents points, où ils établirent des Églises qui se sont toujours honorées, de les avoir pour fondateurs : saint Trophime à Arles, saint Paul Sergius à Narbonne, saint Martial à Limoges, saint Austremoine à Clermont, saint Gatien à Tours, saint Saturnin à Toulouse, et saint Valère à Trêves. Après ces deux premières missions, qui plantèrent la foi dans les Gaules, nous en voyons une autre, bien plus nombreuse, organisée par saint Clément, troisième successeur de saint Pierre. C’était vers la fin du premier siècle. Saint Denys, premier évêque de Paris, est, sans contredit, le plus célèbre de ces missionnaires. Avant sa conversion, il était membre de l’Aréopage d’Athènes et adonné à la philosophie platonicienne. Depuis, disciple de saint Paul, et écrivain sublime, il devint évêque d’Athènes. S’il quitta son siège et s’il vint s’offrir au chef de l’Église, pour évangéliser les Gaules, ce fut, sans doute, à l’instigation de son maître, saint Paul, qui avait lui-même passé par les Gaules, en se rendant en Espagne.
Ces commencements du christianisme dans les Gaules furent pénibles et plus lents que dans les autres parties de l’empire romain. Les missionnaires avaient à lutter contre des obstacles invincibles aux forces humaines. Nous les voyons, dans leurs Actes et dans les traditions des lieux où ils ont vécu, exposés à des contradictions continuelles, obligés de se cacher et de se renfermer dans des souterrains, pour célébrer les saints mystères. Au milieu de ces difficultés et de ces persécutions, la plupart n’ont pu que semer et préparer la récolte à d’autres qui devaient venir après eux. Vers le milieu du second siècle, nous trouvons, en effet, un quatrième groupe qui nous intéresse plus spécialement, parce qu’il va nous introduire dans notre sujet. Les nouveaux missionnaires étaient des grecs asiatiques, envoyés par saint Polycarpe, évêque de Smyrne et disciple de saint Jean, qui l’avait placé lui-même sur le siège de cette ville. Ils étaient conduits par saint Pothin, si connu dans l’histoire de l’Église de France, vieillard vénérable , disciple et compagnon des premiers apôtres. Après avoir consumé sa vie dans les travaux de l’apostolat, cet héroïque septuagénaire avait trouvé, dans la grandeur de son courage et de son amour, assez de force pour se mettre à la tête de cette colonie évangélique.
Tandis que la sainte famille de Béthanie avait implanté la foi dans la Provence, les sept évêques et leurs compagnons, dans les nombreuses peuplades du centre, saint Denys et ses compagnons, dans le nord, saint Pothin s’arrêta à l’est des Gaules, à Lyon. Après la conquête, la position très avantageuse de cette dernière ville, au confluant du, Rhône et de la Saône, avait attiré l’attention des Romains. Peu d’années suffirent pour transformer l’humble bourgade des Ségusiens en une cité splendide, l’une des plus considérables de l’empire, et, en quelque sorte, la métropole de toute la Gaule. Plusieurs empereurs en avaient fait leur séjour favori. Auguste accorda à ses habitants le droit de citoyens romains ; il plaça au forum la colonne milliaire d’où partaient les grandes voies qui sillonnaient les Gaules, dans tous les sens. Claude leur ouvrit l’entrée du sénat et l’accès à toutes les dignités de l’empire. Rendant un éclatant hommage au degré extraordinaire de prospérité et de civilisation où était parvenue la Gaule dite Chevelue, cet empereur disait en plein sénat :

« Croyez-moi, Pères conscripts, il faut consommer l’union de deux peuples qui ont des moeurs, des arts, des alliances communes : qu’ils nous apportent leur or et leurs richesses, plutôt que d’en jouir seuls dans leurs provinces. »